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Biographie de Grand Corps Malade
Grand Corps Malade est un slameur et auteur français né le 31 juillet 1977 en banlieue parisienne, au Blanc-Mesnil en Seine-Saint-Denis. Grands Corps Malade fut révélé au public par son premier album Midi 20 sur lequel il déclame des textes accompagnés d’une musique d’ambiance, légère, intimiste. L’artiste a écoulé plus de 600.000 exemplaires de cet opus. Il a en outre décroché 2 Victoires de la Musique en 2007: celles d’Album Révélation et d’Artiste Révélation Scène.
Le slam est un art oral où le message, largement inspiré par des thèmes développés dans le rap et la poésie traditionnelle, vient s’appuyer sur la sensibilité et les intonations de l’artiste. Grands Corps Malade est également fondateur de l’association Flow d’encre, atelier d’écriture pour faire découvrir le slam, notamment aux plus jeunes.
Le 31 mars 2008, Grands Corps Malade a sorti son deuxième album, Enfant de la ville. La galette contient 16 titres réalisés avec son partenaire de scène Feedback, dit “l’homme percussionniste”.
Discographie de Grand Corps Malade
La discographie de Grand Corps Malade n’est pas encore disponible.
De son handicap, il en a fait une force, de ses mots il en a fait des histoires qui marquent, de son statut de pionnier de son art, il va permettre à d’autres tout aussi doués que lui de s’exprimer. Son tout: ne pas caricaturer qui ou quoi que ce soit. Rencontre avec Grand Corps Malade.
Zicactu: Vous êtes nominé au prix Constantin, cela vous fait-il plaisir ?
Grand Corps Malade: Je suis ravi mais pour être tout à fait franc, je ne vais pas vous mentir: je débarque dans le milieu et je ne connaissais pas ce prix. Par contre, j’ai compris de quoi il s’agissait, j’ai regardé les nominés qui m’accompagnaient. Je suis très fier car ce n’est pas un prix anodin avec du beau monde.
Zicactu: Est-ce qu’on naît tchatcheur pour devenir slameur ?
G. C. M.: Un petit peu. Le slam, c’est de l’oral, c’est face à un auditoire. Ca doit aider. Mais je suis sûr qu’il y a des grands timides qui peuvent se révéler et s’épanouir dans le slam.
Zicactu: Vous partez comment pour écrire, d’une idée principale et vous suivez un fil qui court facilement ou alors ce travail est fastidieux ?
G. C. M.: C’est une idée, je ne me mets jamais devant une feuille en me disant ‘mais de quoi je vais bien pouvoir parler aujourd’hui ?’. Quand j’ai envie de traiter un thème ou quand j’ai une phrase qui me trotte dans la tête et que j’ai envie de la développer sur un texte, là, dès que j’ai un peu de temps, je me mets devant une feuille mais ce n’est pas une galère. J’essaye de trouver un axe et j’attaque !
Zicactu: Quand on vous a dit “on va enregistrer un album de Grand Corps Malade”, vous les avez pris pour des malades ?
G. C. M.: Personne ne m’a dit ça ! C’est un projet qui est venu petit à petit. C’est un pote qui m’a proposé de mettre mes textes en musique. Mes textes existaient déjà a cappella. On s’est amusé à faire des textes sur mesure. C’est Petit Nico, un ami compositeur que j’ai croisé sur les scène slam qui m’a offert ce beau cadeau. Ensuite, j’ai rencontré Jean Rachid qui est devenu mon producteur, c’était un comédien humoriste, qui a aimé l’écoute de ces maquettes. Il m’a dit qu’il voulait me produire, en faisant un vrai album dans de très bonnes conditions. Enfin, ce sont les maisons de disques qui sont venues en studio alors qu’on avait pas tout à fait fini, pour nous proposer de nous distribuer. Ce n’est pas quelqu’un qui est venu me dire “Fais un album “.
Zicactu: Le slam est un art de groupe ?
G. C. M.: J’aime bien ça. Le slam, c’est le partage de la scène, c’est un art collectif. L’aventure est vraiment belle mais elle est d’autant plus belle qu’elle est collective. A chaque fois que je suis sur scène, j’essaye d’amener des potes, qu’il y ait des duos, que parfois d’autres slameurs interviennent dans la salle. Il y a des musiciens. Le gâteau est meilleur quand on est plusieurs à le bouffer.
Zicactu: Dans vos règles du slam, vous déclarez: “un texte déclamé égale un verre offert” ?
G. C. M.: Ce n’est pas moi qui ai inventé ce principe. Le slam, c’est des petites scènes ouvertes dans les bars. Souvent celui qui organise la soirée amène beaucoup de monde dans le bistrot et, en retour, un texte déclamé égale un verre offert.
Zicactu: Vous carburez à quoi pour tenir tout un set ?
G. C. M.: De toute façon, dans les sets slam on ne fait qu’un seul texte, du coup on n’a qu’un verre gratos et cela nous permet de rester lucide.
Zicactu: Mais quand c’est Grand Corps Malade qui donne un concert, il enchaîne les textes alors ?
G. C. M.: Là vous êtes obligé de sortir du principe (rires). Et d’une manière générale, je différencie ces deux choses. D’un côté, il y a le slam pur et dur, la scène ouverte, c’est de l’a cappella dans des petits lieux, et de l’autre, j’ai ce projet musical de disque, et maintenant de scène avec des musiciens sur scène. Pour moi, c’est un autre projet. Je les différencie bien l’un de l’autre.
Zicactu: La musique qui accompagne vos chansons est très classique ?
G. C. M.: Le but, c’est qu’on ne voulait pas faire du hip-hop avec de gros instruments qui font bouger les têtes et donnent envie de danser, nous voulions mettre en musique en gardant le texte prédominant. C’est souvent une musique légère, intimiste qui souligne l’ambiance du texte. Les compositeurs ont vraiment travaillé dessus comme sur une musique de film.
Zicactu: Quand je regarde vos dates, je vois par exemple que vous venez sur Lille au Théâtre Sébastopol qui est un endroit d’abonnés si vous voyez ce que je veux dire. Comment ce public qui n’est absolument pas dans votre culture reçoit votre prestation ?
G. C. M.: C’était exactement le cas hier, j’étais dans un centre culturel à Créteil avec beaucoup d’abonnés. Ce qui en sort c’est que le public est très attentif, très calme. Il est très réceptif, il cherche à découvrir. Pour l’instant, la sauce prend et les gens ont l’air content. Quand je suis en face d’un parterre de gens qui me connaissent, là il y a une grosse ambiance, c’est différent. Le slam d’une manière générale, c’est aller dans tous les endroits possibles.
Zicactu: Vous slamez sur “Saint-Denis”, c’était pour ne pas résumer cette ville au grand stade ?
G. C. M.: Pas du tout, c’est un texte que j’ai écrit il y a au moins 3 ans. C’est une ville que j’aime, j’y vis toujours, j’y ai grandi. J’avais juste envie d’en parler à ma manière, avec ce que je vois, ce que j’aime là-bas. Ce n’était pas une manière de contrer les images des médias ou parler d’autre chose que du stade. Je ne pensais pas avoir une telle audience: il était destiné à des petits bars. Je slame pour donner ma vision des choses, exprimer mes chroniques du quotidien ou offrir mes rêves.
Zicactu: A quel homme politique aimeriez-vous offrir votre disque pour qu’il comprenne enfin que la banlieue, ce n’est pas forcément synonyme de racaille ?
G. C. M.: (Il réfléchit) Y en a aucun qui me vient à l’esprit. A vrai dire, je préférerais qu’il l’achète.
Zicactu: Avec votre succès, avez-vous peur d’une certaine manière de voir débarquer un nombre important de mauvaises productions en matière de slam ?
G. C. M.: D’un côté, je suis content d’ouvrir une porte car il y a d’autres slameurs très forts qui mériteraient d’être connus d’un plus large public et c’est tant mieux. Maintenant j’espère qu’il n’y aura pas trop de maisons de disques qui vont sortir tout et n’importe quoi sous prétexte de faire du slam. Il y a quelques écueils à éviter mais, d’une manière générale, le slam continuera à vivre et ceux qui veulent faire des projets musicaux seront peut être plus entendus.
Zicactu: Vous avez créé une association “Flow d’Encre”. Est-ce que c’était partir de mots pour guérir les maux ?
G. C. M.: Pas directement. J’aime bien travailler en groupe et notamment avec des plus jeunes, leur transmettre des choses et plus particulièrement l’envie d’écrire. Je ne prétends pas leur apprendre à slamer, il n’y a pas de technique mais juste leur montrer que l’écriture est ouverte et accessible à tous. J’ai créé cette association quand j’ai arrêté de travailler pour vivre du slam, pour faire des ateliers d’écriture. Je vais dans les hôpitaux, des prisons, des MJC, un peu partout. Avant tout, le but c’est de dire que l’écriture, ce n’est pas que des trucs chiants forcés d’une manière scolaire, mais au contraire quelque chose de ludique et générant du plaisir.
Zicactu: Avez-vous l’intention aussi de chanter vos paroles dans un avenir proche ou lointain ?
G. C. M.: Pas pour l’instant. Déjà car je crois que je chante très mal mais surtout parce que je me trouve déjà assez impudique dans mes textes, alors le fait de les chanter serait encore plus impudique.
Propos recueillis par Pierre Derensy.