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Biographie de The Stranglers

The Stranglers est un groupe punk-rock anglais formé en 1974 à Guildford. Les Etrangleurs de Guilford (leur nom originel) ont défloré leur discographie avec l’album Rattus Norvegicus en 1977, suivi 6 mois après d’une deuxième galette, No More Heroes. Le groupe s’est rapidement forgé une réputation sulfureuse en raison du caractère sinistre de son répertoire.

Associé au courant punk à ses débuts -The Stranglers a fait la première partie des Ramones en 1976-, le combo a exploré diverses voies telles que la musique new wave et le rock gothique. Le groupe a 16 albums à son actif dont le dernier Suite XVI est sorti en 2006.
Dave Greenfield, le claviériste du groupe The Stranglers, est décédé le dimanche 3 mai 2020 à 71 ans, après avoir été testé positif au coronavirus.

Jean-Jacques Burnel, le chanteur et bassiste du groupe:

Dans la soirée du dimanche 3 mai, mon grand ami et collègue depuis 45 ans, le génie musical qu’était Dave Greenfield, est décédé et compte parmi les victimes de la Grande Pandémie de 2020. Toute la famille des Stranglers est en deuil et nous envoyons nos plus sincères condoléances à sa femme Pam .

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Discographie de The Stranglers

2012 : Giants
2006 : Suite XVI
2004 Norfolk Coast
1990 10
1988 All Live And All Of The Night
1986 Dreamtime
1984 Aural Sculpture
1982 Feline
1981 (the Gospel According To) The Meninblack
1981 La Folie
1979 The Raven
1978 Black And White
1977 No More Heroes
1977 Iv – Rattus Norvegicus





The Stranglers a eu la chance de cartonner dans toutes les décennies depuis 1970. On ne donnait cependant pas cher de leurs peaux aux abords du XXIe siècle (et même avant du reste) mais l’album Northfolk Coast en 2004 a eu le mérite de les réveiller d’une cataplexie artistique. Leur dernier opus ravira les fans de toujours qui commencent à prendre de l’âge et du poids selon les courbes statistiques et permettra de faire découvrir aux plus jeunes un groupe atypique, légèrement assagi mais rempli de révolte car la révolte elle, n’a pas d’âge, et eux sont là pour le démontrer. Rencontre avec JJ Burnel, le bassiste français du groupe.

Zicactu: Si je te dis que ce groupe, c’est ton bébé tu en acceptes la paternité ?

JJ Burnel: J’accepte une partie de la paternité mais il faudrait faire encore quelques recherches ADN. Disons que je ne le renie pas (rires).

Zicactu: Sais-tu que ton premier disque marque ma naissance ?

JJ B.: Le tout premier “Rattus Norvegicus ” ? Tu as donc 30 ans… Alors je peux t’appeler fiston ! Bon anniversaire mon fils.

Zicactu: Merci mais comment expliques-tu que ton groupe me parle, mais parle aussi à beaucoup d’autres générations ?

JJ B.: Ca n’a pas toujours été le cas, il y a eu des hauts et des bas, je pense d’ailleurs que ces moments forts et ces moments de creux de la vague ne reflètent pas seulement l’état d’esprit du groupe et des membres, mais aussi nos rapports avec les médias, qui n’ont pas toujours été aussi sains. On a refusé collectivement de jouer le jeu parfois, quand le jeu ne nous plaisait pas. Nous n’avons pas pris les décisions commerciales qu’il fallait. Mais c’est assumé car nous ne voulions pas nous compromettre. Nous avons eu le luxe et la grande chance de ne pas être stéréotypés, c’est-à-dire de ne pas suivre une voie musicale ou d’exploiter une veine productive. On a eu la chance d’essayer 30.000 trucs et parfois d’avoir du succès et parfois de se prendre un bide. Tout ce que je peux te dire, c’est que l’on n’a pas cherché la réussite à tout prix. “L’intégrité”, j’aimerais bien que ce mot nous décrive.

Zicactu: Vous avez appelé votre dernier album Suite XVI. Les suites dans leur définition sont des airs lents ou vifs, solennels ou gais, c’est une bonne explication de ce disque ?

JJ B.: (Rires) Je dois quand même nuancer tes propos. D’un côté, les sujets ne sont pas très gais. Ils sont camouflés sous la musique enjouée. Cet album est plutôt la définition de la guerre moderne. Les Américains pensent qu’ils font la guerre moderne mais ils font la guerre des tranchées: une armée visible et ils se demandent pourquoi ils se font battre par une armée invisible. Nos sujets sur ce disque sont durs: un mari meurtrier, l’infidélité, la guerre en Irak, la haine, la vieillesse et le passage du temps qui nous touche et tout ces thèmes sont contrebalancés par une musique gaie.

Zicactu: Sur ce dernier disque, vous semblez prendre vraiment beaucoup de plaisir, peut-être plus qu’avant ?

JJ B.: Personnellement, j’ai pris énormément de plaisir. En plus, c’est la première fois depuis longtemps que l’on peut sortir un album juste 2 ans après le précédent. Ce qui est rare chez nous.

Zicactu: Est-ce que le succès de “Norfolk Coast” est l’élément prépondérant du fait que vous continuiez ?

JJ B.: Peut-être, la véritable raison c’est que j’ai vraiment pris le taureau par les cornes, j’étais plus inspiré que d’habitude et comme je rechante, j’ai retrouvé un autre plaisir.

Zicactu: Le fait de chanter tes chansons, c’est une implication différente ?

JJ B.: Je te rassure, il n’y a aucune pression sur mes épaules (rires). J’ai repris confiance et ce que j’ai entendu ne me déplaisait pas. Pendant 16 ans je ne voulais plus entendre ma voix. Cette fois, je me suis dit que ce n’était pas si mal que ça. En plus, ce disque a reçu sans équivoque les meilleures critiques de toute l’histoire du groupe. Ca m’a donné de l’assurance. Si de par le monde, que ce soit aux États-Unis, au Japon, en Pologne ou en Russie, les gens te disent que c’est un super album, tu commences à y croire.

Zicactu: Est-ce que c’est aussi un bon moyen toutes ces critiques flatteuses, de finir par t’aimer ?

JJ B.: Je ne me suis jamais haï, j’ai juste eu parfois des moments, comme j’imagine la plupart des gens, où j’avais un manque de confiance en ce que je faisais. Les artistes ont un foutu orgueil et ce n’est pas indispensable de le confirmer, mais pour celui-là, j’avais juste besoin d’être rassuré sur mes qualités de chant.

Zicactu: C’est quand même plus facile pour JJ Burnel de dire “je déteste” plutôt que “j’aime” ?

JJ B.: Il pourrait y avoir débat sur ce point. C’est la même chose, la haine et l’amour. Ce sont les 2 faces d’une même pièce. L’opposé de la haine et de l’amour, c’est l’indifférence ! La haine et l’amour évoquent la même adrénaline, les mêmes battements de coeur.

Zicactu: Pendant longtemps, l’ordinateur a empêché les Stranglers de progresser alors qu’avec “Suite XVI” c’est presque votre meilleur allié ?

JJ B.: Oui, tu as raison. Le disque est plus organique. On a pu enregistrer sur un ordinateur mais tout est joué.

Zicactu: “Anything Can Happen” sur l’album est excellent ?

JJ B.: Ha, c’est drôle que tu la mentionnes car sur ce morceau, nous avions enregistré la moitié des voix et je n’ai pas senti l’interprétation de Paul Roberts sur ce titre. Il ne m’avait rien demandé sur les paroles mais je sentais qu’il ne percevait pas ce que je voulais évoquer comme sujet. En ami, je lui ai demandé s’il se sentait encore à 100% dans les Stranglers car il était distrait musicalement avec plein d’autres projets. Je lui ai laissé un laps de temps pour réfléchir à son implication dans le groupe. 3 jours plus tard, il m’a simplement dit qu’il souhaitait arrêter. Dès ce moment-là, on a décidé de refaire toutes les voix. Sur cette chanson, je voyais une analogie entre les présidents américains, surtout les Bush qui sont encore une plus grande dynastie que les Kennedy et le népotisme de l’empire romain, les aventures peu glorieuses des légions romaines. Ce titre est particulier dans notre histoire.

Zicactu: Du fait du départ de Paul, vous revenez à 4, c’est un choix par dépit ?

JJ B.: Non, c’est le meilleur choix possible ! J’ai l’impression que partout où je vais les gens préfèrent les Stranglers à 4 car c’est plus efficace sur scène. C’est plus intense.

Zicactu: Tu me parlais des États-Unis, alors cette tournée là-bas ?

JJ B.: (Rires) Vendredi nous avons refusé leur 4e offre ! Eventuellement peut-être mais ce n’est pas quelque chose qui me fait bander. La scène, c’est le grand moment de la journée. C’est le pied maximum. Mais faire une tournée aux USA, vu la grandeur du pays, ça me gave. J’ai autre chose à faire avec ma vie. Je ne veux pas être une bête de scène tous les soirs. Là-bas, c’est concert tous les soirs pendant des mois et des mois. A une époque, on jouait souvent devant 5.000 personnes, et franchement cela me gavait. Il faut avoir des priorités dans la vie, U2 ou Police ont fait leur choix et ont eu un succès phénoménal, mais ont-ils eu un vrai succès artistique ?

Zicactu: Cela ne te donne pas envie de remplir des stades ?

JJ B.: Tu deviens une sorte de cabaret si ton seul plaisir c’est de faire de la fréquentation. Je veux trouver des rendez-vous avec le public ! Je cherche ça. Bon pour tout te dire, on a fait une contre-offre à cette tournée: on leur a dit que nous étions ok pour juste 5 concerts… mais payés pour 50 ! (rires). Pour l’instant ils ont refusé. A chaque fois qu’on refuse, ils nous offrent plus donc éventuellement.

Zicactu: Tu me parlais du temps de vivre, c’est pendant ces périodes que tu composes des BO par exemple ?

JJ B.: Oui mais c’est aussi pour flâner. J’aime bien faire de la moto aussi. Souvent il faut renouveler les amitiés. Faire des efforts pour les autres. J’aime bien les moments où je ne fous strictement rien.

Zicactu: Tu aimes le karaté, la musique pourrait-elle être considérée comme un combat ?

JJ B.: Tu connais le film Gladiator ? Pendant notre tournée en Allemagne, nous regardions les 10 premières minutes qui étaient situées en “Germania” et quand nous montions sur scène nous hurlions “Tenez la ligne !” comme dans ce film. Nous avions cette mission de combattant !

Zicactu: Es-tu l’homme que tu voulais devenir ?

JJ B.: Pas encore. Mais j’essaye d’être l’homme que mon père aurait voulu que je sois.

Zicactu: Est-ce que tu t’intéresses au paysage musical français ?

JJ B.: Je suis né à Londres de parents français. Je suis toujours venu en France pour les grandes vacances, en Normandie. Je connais les yéyés, Jacques Dutronc. Parfois l’on joue “Et moi et moi…”. J’essaye de faire comprendre cette chanson aux anglais. J’ai même utilisé dans le catalogue de Brel des mélodies pour les Stranglers. Je trouve toujours que les plus grands révolutionnaires du XXe siècle sont français. C’est à dire Saty, Debussy, Ravel.

Zicactu: C’est plus facile de faire un disque en Angleterre qu’en France ?

JJ B.: Oui, c’est un pays qui est complètement inséré dans le rock. C’est culturel chez eux. Ca fait partie des moeurs. Tout le monde est un peu rock ici. C’est rare de trouver quelqu’un sans tatouage en Angleterre. Le punk ici c’est de la variété. Même la grande aristocratie, les bourgeois sont immergés dans le rock. Plus que dans n’importe quel autre pays en Europe.

Zicactu: Donc Monsieur Burnel est heureux ?

JJ B.: Jamais ! Etre insatisfait, c’est un bon moyen de se comparer avec les autres… et s’en sortir sans être trop mécontent (rires).

Propos recueillis par Pierre Derensy.

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